Apprenons ensemble à prendre des photographies dans la nature

Le printemps approche : les oiseaux migrateurs reviennent sous nos latitudes après avoir pris leurs quartiers d’hiver et comme la faune ailée endémique, plus casanière, se préparent à la nidification: le moment est venu de fourbir ses longues focales et de suivre les conseils de Gilles Martin pour engranger des images naturalistes pleines de vie.

Télé, trépied et moteur !

Pour réaliser des photos d’oiseaux dans leur biotope (environnement naturel), un objectif de longue focale est indispensable: idéalement une focale comprise entre 400 et 600 mm .. Evidemment, si la photo animalière n’est pas votre sujet de prédilection, il y a fort à parier qu’une télé de ce calibre ne niche pas dans votre fourre-tout. Il existe heureusement des télézooms relativement abordables qui vous permettront une première approche de la photo d’oiseaux: les 75-300 mm (Canon, Pentax) ou 70-300 mm (Minolta, Nikon, Sigma) sont peut-être un peu justes en focale maxi mais vous permettront de vous faire le bec pour commencer. Avec les reflex numériques et leur conversion de focale, ils deviennent très intéressants et atteignent des grandissements confortables, bien adaptés à la « chasse photographique ». Toutefois, si vous êtes équipé en argentique et que le virus s’installe, il vous faudra envisager d’investir dans un 80/100-400 mm …

Les canonistes ont l’avantage de disposer des deux références à stabilisation d’image parmi les télézooms. Une aubaine pour réaliser des photos d’oiseaux en vol sans recours au trépied: même au 400 mm, il reste possible de descendre au 1/60 s, voire au 1/30 s … Autrement, il faut se souvenir de la règle des vitesses minimales : pour éviter un flou de bougé, ne pas régler un temps de pose inférieur à l’inverse de la focale, soit, par exemple, au moins 1/300 s avec un 300 mm. Cette règle n’est toutefois pas un absolu, à chacun de déterminer ses limites.

illustrationGilles Martin déconseille l’utilisation d’un doubleur de focale sur une optique inadaptée : même si cette solution paraît a priori séduisante, mieux vaut acheter un 75-300 mm pas cher que de tenter de booster son transstandard … En revanche, une bague-allonge peut s’avérer précieuse. Pour faire de la macro d’oiseau ? Non, tout simplement pour diminuer la mise au point minimale de ses longues focales: couplé à une allonge de 25 mm, une superbe télé de 500 mm peut voir sa mise au point mini passer de 4,5 m à 3 m : un gain appréciable qui peut faire la différence pour la prise de vue en affût ! Autre accessoire, indispensable celui-là, le trépied. Et comme vous le savez, plus il est lourd, plus il est stable …

En photo animalière en général et photo d’oiseau en particulier, tout peut se jouer en un instant (voir plus loin le récit d’une prise de vue), une bonne cadence motrice s’avère une précieuse alliée. Il y a toujours une fraction de seconde plus photogénique qu’une autre et on met le maximum de chances de son côté avec un moteur nerveux. Revers de la médaille, la consommation de film grimpe vite !

Farouches ou sociables ?

Selon le caractère sociable ou farouche des oiseaux, l’approche photographique ne sera évidemment pas la même. Les uns se laissent facilement côtoyer et photographier à main levée. Les autres nécessitent des ruses de Sioux pour vous faire l’honneur d’une prise de vue. La méfiance des oiseaux est proportionnelle au développement de la chasse (pas photographique, celle-là … ) : autrement dit, difficile de réaliser des photos à la volée en France ou en Europe, sauf dans quelques réserves équipées d’affûts d’observation, comme le Marquenterre en baie de Somme ou le Pont de Gau en Camargue. C’est à l’étranger que se trouvent les meilleurs « spots », aux infrastructures rodées mises à profit par de nombreux tour operators spécialisés. Les images spectaculaires sont assurées, mais l’aventure est loin … Gilles se souvient d’avoir galéré pendant des jours en forêt amazonienne, dans des conditions épouvantables, à la recherche d’un coq de roches. Revenu bredouille à sa ville de base, un ornithologue lui a appris qu’il suffisait de se rendre à « Cock of the Rock Lodge », un hôtel spécialement construit aux abords d’un point où la présence du fameux gallinacé était garantie! En Europe, l’approche est plus délicate. Les oiseaux n’ont pas d’odorat (il n’y a pas, contrairement aux mammifères, à se méfier du vent), mais sont en revanche dotés d’une vue perçante, estimée à dix fois celle de l’homme. Il faut donc se cacher, utiliser un affût semi-mobile ou fixe (www.jama.fr est une mine pour tous les accessoires de photo animalière) et entreprendre une approche discrète d’un nid préalablement repéré. Si vous avez la chance d’avoir un jardin, vous pouvez également réaliser très simplement des images en installant sur un piquet une belle branche bien moussue, devant un arrière-plan choisi de façon que le sujet s’y détache, et peaufiner un cadrage sur trépied depuis la maison. Semez quelques graines, et vous n’avez plus qu’à attendre tranquillement l’arrivée d’un hôte ailé !

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