800 000 entrées à Paris pour « Au revoir les enfants ».

Au revoir les enfantsIl avait gardé pour la bonne bouche ce souvenir-là, vécu au collège sous l’Occupation. On ne peut pas dire que le cinéma ne se soit jamais penché sur ces jours sombres de notre Histoire. Aussi le risque était-il de ressasser et de donner une impression de déjà-vu. Malle échappe à ces écueils, non par miracle, mais parce que «Au revoir les enfants» donne d’emblée le sentiment de la vérité, de la sincérité aiguë. En dépassant 800 000 entrée en exclusivité parisienne, il se classe N° 1 des films français de l’année. Un beau film, sans facilités, sans concessions, un point d’orgue dans l’œuvre de Louis Malle. Deux ans plus tard, il récidive, mais sur le ton de la comédie. Si l’Occupation fut terrible, mai 68 fut gai — et Louis Malle n’a sûrement pas oublié la grande fête du festival interrompu, à Cannes. «Milou en mai» résonne de cette euphorie même si, à la fin du film, la parenthèse se referme précipitamment : le fameux «retour à la normale». Les deux derniers films de Louis Malle forment ainsi un diptyque sur la France contemporaine où affleure, dans le drame comme dans le rire, la même sensibilité. Double succès pour ce metteur en scène discret, parfois déconcertant, souvent imprévisible — au meilleur sens du terme.

Music boxMusic box

«Coupable ? Non coupable? Faites un effort, prévient le réalisateur. Ne le dites pas, ne l’écrivez pas, ne le suggérez pas». Il a raison. Ce n’est pas que «Music box» soit un policier à énigme où il ne faut surtout pas révéler le nom de l’assassin. Son vrai sujet est ailleurs, c’est le doute, l’ambiguïté. La vie de l’avocate Ann Laszlo va changer le jour où son père, un Hongrois installé aux États-Unis depuis 1945, lui annonce qu’il est poursuivi pour crimes de guerre. Citoyen modèle, ouvrier honnête, bon père de famille, Laszlo est en effet le sosie parfait d’un policier des sections spéciales qui, à Budapest, pendant la guerre, ont tué et torturé selon l’exemple nazi. Des témoins, mystérieusement surgis, le reconnaissent. Machination ourdie par le KGB? Ce procès mènera Ann jusqu’aux bords du Danube, pour innocenter l’homme qui fut pour elle un père idéal. Ce qu’elle trouvera une boîte à musique… et à surprise ! On n’oubliera pas ce vieil homme aux cheveux blancs, aux yeux si bleus, et sa fille bouleversée se serrant contre lui. Scène-clé pour un film qui est sans doute le meilleur de tous ceux de Costa-Gavras, dont la carrière américaine est en train de surpasser ses essais européens. Performance touchante pour Jessica Lange, qui confirme avec éclat les espoirs qu’on avait placés en elle.

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